Bienvenue à tous ! Bienvenue sur ce nouveau blog !
J’espère que vous aimez la lecture parce que j’ai décidé que je ne me restreindrai pas ici. Je pense d’ailleurs, que là, je me prépare à faire quelque chose d’assez long… Car quand le cœur m’en dira et que j’aurai beaucoup à dire, je risque de faire quelques pavés. Alors que d’autres fois, je ne serai pas très bavarde. Mais bon, au moins vous êtes avertis.
Il faut dire que cette histoire de blog me trotte dans la tête depuis pas mal de temps. Plusieurs mois pour être honnête, depuis le constat navrant que j’ai vraiment du mal à m’adapter aux réseaux sociaux. Quand j’ai arrêté d’être active sur DeviantArt, je n’ai pas retrouvé de lieu où réellement m’exprimer. Pire, je n’ai jamais trouvé d’endroit où le faire sans être obligée de penser traduction, mise en place, spoiler à éviter, chiffres, visiteurs ou audience. Un enfer pour quelqu’un d’aussi peu social que moi. Bon, pas sur l’instant, pas quand je poste un billet ou une image, mais sur le long terme, je me suis rendue compte que ça me rongeait, me forçant trop souvent à gérer des choses extrêmement triviales et calculées, quand je suis une créatrice qui a un besoin vital de rêver et de laisser libre court à son instinct. En plus, je crois que plus j’évolue sur les réseaux sociaux, plus je me sens terriblement isolée. Tout ça est tellement instantané, superficiel et en fin de compte, impersonnel, que je me sens atrocement seule derrière mon écran à regarder combien de personnes ont vu tel annonce ou tel dessin. Peu de messages, quelques émoticônes et trop souvent seulement des chiffres qui s’égrainent…
Mais arrêtons-là le pourquoi, je préfère penser à ce que je vais pouvoir vous proposer ici, à savoir un espace d’échange. Parce que c’est réellement comme ça que je le vois, que je voudrais qu’il soit. Alors, même si vous veniez à ne pas être nombreux à me suivre ici, ça n’est pas l’important. Je veux créer un lieu où je peux parler de mon travail, des univers auxquels je me consacre depuis plusieurs années déjà, de mes projets, de mes idées… A pouvoir lire vos ressentis, vos critiques, vos remarques… Bref, vous m’avez comprise.
Pour bien commencer l’aventure, j’ai demandé il y a quelques jours sur Facebook ce que vous voudriez avoir sur ce blog. J’ai eu quelques pistes intéressantes, mais une proposition a retenu mon attention, car je l’ai trouvée parfaite pour amorcer la machine. A savoir, comment l’histoire autour d’Arcea avait commencé. Vous avouerez que c’est parfait pour se lancer, non ? Surtout que si vous êtes là à lire ces lignes, c’est que vous savez déjà un tant soit peu ce qu’est Arcea. Dans le cas contraire, tout ce qui se trouve dans le menu principal et les trois quarts de ce qu’il y a dans mon portfolio s’y rapporte… Pour faire court, c’est l’univers que je développe depuis des années et vous verrez que je ne suis pas seule fautive dans cette histoire !
En fait, l’histoire autour d’Arcea est assez riche pour en faire un récit en lui-même, mais je préfère prévenir, je resterai dans les grandes lignes, gardant pour moi certains passages. Arcea m’a profondément marquée parce qu’il y a pas mal de choses très personnelles qui me raccrochent à cet univers. C’est une histoire humaine, en fin de compte, et c’est pour ça que j’y suis si attachée.
Alors, bien installés ? Vous avez un chocolat, un thé ou un café à proximité ?
Tout a commencé en 2003. A l’époque, j’étais en pleine période de doute. J’avais 25 ans et je ne dessinais plus car j’étais une jeune maman qui avait abandonné l’idée de vivre du dessin. J’avais pourtant fait une école d’Arts Appliqués, je dessinais depuis des années, mais je n’avais pas trouvé le moyen d’en vivre. Je ne connaissais rien au milieu artistique, je n’avais pas de réseau… J’ai bien tenté une formation en infographie mais ça n’a jamais abouti. J’avais aussi fait quelques salons mangas et un peu de fanzinat, mais j’en étais ressortie avec l’impression de mieux m’en sortir en cosplay qu’en dessin, et surtout que ça me coûtait très cher sans rien m’apporter en retour. Pas même un peu de reconnaissance pour mon travail. Avec ma première grossesse, j’ai tout laissé tomber. Je vivais donc depuis plusieurs années de petits boulots alimentaires en intérim, essayant de compléter le salaire de mon mari pour boucler les fins de mois, sans aucune perspective d’avenir. Le tout en essayant d’élever mes deux jeunes enfants et de me convaincre que mère de famille serait la seule voie que je devais envisager, alors que ça n’avait clairement jamais été l’un de mes rêves. Tout ça m’avait peu à peu fait poser mes crayons, et depuis plus d’un an, je ne dessinais plus du tout. A l’époque, je ne le savais pas, mais j’étais en dépression et je n’avais pas la lucidité nécessaire pour le réaliser. Par chance, quelques mois plus tôt, mon mari m’avait présentée à un artiste plasticien qui allait au même cours de kung-fu que lui. Cette rencontre allait changer la donne. R – oui, je ne donnerai pas de prénoms, juste des initiales – R donc, avait insisté pour voir mes dessins, des gribouillages de mon point de vue, et il était passé à notre appartement. J’avais ressorti mes vieux porte-vues avec mes dessins au crayon, quelques planches mises en couleur et des dessins datant de mes années d’école d’art pour remonter le niveau. Sa réaction me touche encore aujourd’hui. Il avait été si enthousiaste que ça m’avait mise mal à l’aise. Je ne m’en sentais pas digne. Tenez, voilà quelques-uns de ces dessins, ceux que je n’ai pas honte de montrer, mais la vérité était qu’à cette époque, je n’arrivais plus à dessiner comme ça.
Dans les mois qui ont suivi, R, sa compagne, mon mari et moi sommes devenus plus proches et j’ai pu découvrir le milieu underground de Lyon. Un monde étrange, un peu effrayant parfois, mais avec une dimension artistique que je n’aurais jamais pu imaginer possible. J’ai vu des expos incroyables et improbables, rencontré des personnalités parfois si déconcertantes pour moi qu’elles m’ont vraiment marquée et on remit en question ma vision de la normalité. Mais surtout j’ai renoué avec le monde de la création. La plus fondamentale, la plus brute. La plus déroutante aussi. Je ne me sentais pas pouvoir appartenir à ce milieu et en même temps, ce « bouillon de culture » m’a redonné l’envie de créer. C’est pourtant un autre événement qui m’a réellement décidée à reprendre mes crayons.
La carte de tarot qui a
défini le design d’ElwenUn des rares dessins signé Elwen
En juillet 2004, R m’a envoyé un message sur msn. Avoir internet n’était pas encore si populaire que ça, mais j’étais une accro à l’ordi depuis l’enfance, une phobique du téléphone, j’étais donc connectée depuis la sortie des modems en 28k… R m’avait contactée pour venir le rejoindre sur un forum. Pas plus de détails, il m’avait juste dit de m’inscrire, que ça allait me plaire, qu’il fallait absolument que j’essaie. Je ne savais pas du tout où je mettais les pieds, je lui ai juste fait confiance. Il adorait les nouvelles expériences et je pensais que c’était encore une nouveauté artistique. Je m’inscrivais sous mon pseudo de dessinatrice : Elwen. Hé oui, c’était mon pseudo et j’ai encore des dessins signés sous ce nom… Sauf que ce n’était pas un forum artistique mais un des premiers forums de jeu de rôle de la toile. Il s’appelait Hundred Legacy. Il avait été créé par une toute jeune canadienne et R. avait rameuté plusieurs de ses amis pour faire du RP en ligne ! Réalisant bien vite que ça n’avait rien d’artistique, je me suis retrouvée avec mon pseudo de dessinatrice comme nom pour mon premier personnage. Ça m’a fait bizarre les premiers jours mais très vite, je me suis vraiment prise au jeu et peu importait que mon personnage ait mon pseudo, c’était une nouvelle expérience qui me plut cent fois plus que tous les vernissages, expos et autres soirées underground que j’avais expérimentés. Il n’y avait aucune règle, aucune piste, c’était un lieu de totale liberté. En vérité, je ne le réalisais pas, mais je suis vite devenue accro à cette deuxième vie imaginaire, tellement plus enthousiasmante que ma vie réelle.
J’ai voulu alors un avatar spécialement fait pour le jeu. Jusque là, j’utilisais une image que j’avais réalisée pour un jeu de tarot, des années plus tôt. Je crois que j’ai mis des heures à faire ce simple portrait qui pourtant venait d’une illustration que j’avais réalisée quelques années plus tôt… Puis du portrait, j’ai fait un buste, j’ai fait un fond… J’avais tellement envie de donner consistance à ce monde fantastique qui se développait dans tous les sens sur le forum, tellement envie de donner un visage à tous ces personnages, que lorsque les joueurs m’ont complimentée sur mon avatar, j’ai commencé à leur en faire aussi.
Les premiers étaient des images ou des dessins retouchés, je ne me sentais pas de les dessiner, j’avais trop perdu en dessin pour ça. Mais petit à petit, je me suis mise au défi de leur faire plaisir avec des avatars surprises, souvent copiés sur des poses de dessins trouvés sur le net, mais fidèles à l’image que j’avais des personnages du jeu. Voilà comment je me suis mise petit à petit à dessiner les premiers personnages d’Arcea. Elwen, Allart, Verminaar, Aekina, Tania, Senno, et tellement d’autres qui ne seront jamais dans la bd. J’avoue ne plus me souvenir de l’ordre dans lequel je les ai faits. Je suivais mon inspiration, souvent poussée par un événement ou un détail dans le jeu. J’arrivais même peu à peu à me passer de modèle. Mais le plus difficile à cerner, celui que j’ai eu le plus de mal à dessiner, ç’a été Jöllwin. Sincèrement, encore aujourd’hui, je sais qu’il ne retranscrit pas le personnage de ce forum. Pas comme je le percevais, en tout cas. Pourtant, la première illustration dans laquelle je me suis lancée, ce fut une scène avec Elwen et Jöllwin. La deuxième aussi, je crois bien. Mais très vite, j’ai testé d’autres choses, copiant des illustrations qui me plaisaient, expérimentant, me lançant toute sorte de défis pour arriver à offrir des visuels à Arcea et dans un même temps, progresser pour retrouver un niveau de dessin qui ne me ferait pas rougir de honte.
J’étais alors très loin d’imaginer où ça allait me mener. Je savais juste que je retrouvais le goût du dessin, que me plonger dans un monde imaginaire où presque tout était à créer, où j’étais libre d’être qui je voulais, ça me grisait. C’est comme ça que j’ai fait l’erreur de ne plus jouer. Elwen, c’était moi. Je ne jouais plus, je vivais une autre vie et ce fut ma plus grosse erreur.
Durant plusieurs mois, j’ai donc vécu dans cette illusion. Sauf qu’on a beau faire, le réel revient forcement à la charge et un lieu qui rassemble des gens, ça finit toujours par faire naître des rivalités, des tensions, des clans. Surtout quand il n’y a aucune règle, aucun arbitre pour calmer tout ça. J’ai vu le jeu être noirci par des tensions entre les joueurs, dont certains avaient une assez grande différence d’âge, j’ai vu le jeu en être entaché, faussé, dénaturé. J’assistais, impuissante, à la mise en pièce insidieuse de cet endroit qui m’avait apporté tellement de rêve. En plus, dans la réalité, j’étais enceinte de mon troisième enfant, une grossesse compliquée, pas prévue, avec un suivi médical lourd, et ma seule échappatoire virtuelle se désagrégeait chaque jour un peu plus. J’étais anéantie. Je ne voulais pas que ça s’arrête.
J’ai eu trop vite un petit garçon grand prématuré. J’ai failli le perdre. J’ai passé un mois atroce à ne pas savoir s’il allait survivre… Mon petit bonhomme s’est accroché et c’est un grand garçon aujourd’hui ! Mais alors que je recommençais à respirer et dormir la nuit, le forum a été piraté. Détruit. Effacé du jour au lendemain sans que personne n’en sache la raison… J’aurais pu en être malheureuse, j’aurais pu être en colère. J’ai juste été soulagée. J’en ai même effacé pas mal des choses que j’avais créées pour le forum, comme pour exorciser certaines choses… Cet été-là, en 2005, je me suis jurée que je ne me laisserai plus jamais piéger comme ça.
Pourtant, cette expérience avait laissé sa marque. Le monde d’Arkea, comme il s’appelait originellement, avait marqué beaucoup de monde. Quelques mois plus tôt, J , le joueur incarnant Jöllwin m’avait demandée, via msn, pourquoi je n’en ferais pas une bd, ou quelques planches au moins. J’avais trouvé l’idée absurde sur le coup. Je ne me sentais pas les épaules pour ça. J’avais repris mes crayons, oui, mais pour quelques avatars et quelques rares images. Une bd, c’était une toute autre affaire. Bon, faire une bd, c’était un de mes rêves d’enfance, et J le savait, mais de là à le concrétiser… Sauf qu’avec le forum détruit, il ne restait plus aucune trace de tout ça et l’idée de la BD a commencé à faire son chemin. Alors, entre deux biberons, je me suis mise à dessiner plus sérieusement. Très vite, j’ai réalisé que je refusais que cette histoire tombe dans l’oubli, parce que si elle m’avait autant marquée, si elle avait enthousiasmé tous ses joueurs au point d’éveiller des tensions, elle devait bien avoir quelque chose qui méritait d’être raconté. Je devais au moins amener quelque chose de positif à tout ça. J’ai dessiné les premières pages, pour vite réaliser que la tâche serait énorme, que je n’arrivais pas à la mettre en couleur toute seule, que les joueurs étaient passés à autre chose… Je m’étais inscrite sur un forum de dessinateurs, Cafésalé, où j’avais montré ce que je faisais pour avoir des critiques et des conseils. Peut-être trouver un coloriste avec qui collaborer ? Ç’a juste fini de me décourager et j’ai failli tout arrêter à ce moment-là. J’ai même modifié certaines de mes premières illustrations pour en effacer le côté « Arcéen » et tenter de partir sur d’autres pistes, d’autres créations.
Mais vous vous doutez bien qu’il y a eu des rebondissements pour me remettre sur ce projet. D’abord, à l’automne 2005, une copine m’a inscrite sur DeviantART. Elle ne m’a pas demandé mon avis, elle a créé le compte avec mon adresse mail et m’a dit de finaliser l’inscription, elle ne me laissait pas le choix : je devais mettre mes dessins sur ce site. Je devais y avoir une galerie. Merci ma Marsouille d’avoir fait ça. Ç’a tellement changé ma vie… parce que les gens ont commencé à découvrir mon travail et à clairement l’apprécier, ce qui n’avait pas été le cas sur Cafésalé. Il n’y avait pas grand chose pourtant. Mes dessins des personnages d’Arcea, quelques illustrations digitales que j’avais faites, des versions originales mais plus souvent les versions modifiées, et quelques vieilleries sorties de mes cartons à dessin d’école. Sauf que pour la première fois, je réalisais pouvoir toucher énormément de gens avec mes dessins ! J’étais encore dans une vision totalement amateur, je n’avais pas du tout l’idée de travailler réellement dans cette voie, pourtant je me suis mise à passer de plus en plus de temps sur mes images. Certaines n’étaient pas très sérieuses d’ailleurs. Je pansais mes blessures morales en me plongeant dans leur réalisation. C’était doux-amer, mais j’en avais tellement besoin…
C’est en décembre de cette année-là que la créatrice du forum d’Arcea m’a recontactée pour lancer un nouveau forum. A elle aussi, Arcea lui manquait. Elle aussi avait vu son forum se désagréger puis être détruit. Comme elle ne voulait pas que ça dégénère comme sur le premier forum, elle s’était tournée vers moi, de plus de dix ans son aînée, pour faire ça autrement. Le second forum d’Arcea fut lancé. Un forum privé, avec des joueurs choisis, avec des règles. J’en suis devenue la maîtresse de jeu et j’ai pris en main les rênes du scénario. J’ai écrit la fin de l’aventure initiale, celle du forum détruit, qui est devenue une légende populaire sur Arcea, et je suis partie sur une histoire commençant cent ans plus tard. Ça doit vous rappeler quelque chose si vous avez lu les BD, non ? 😉
Ce deuxième forum a eu le mérite de me redonner une vision plus joyeuse et plus agréable de l’aventure Arcea. Gérer un forum n’était pas toujours de tout repos, mais après la mauvaise expérience d’Hundred Legacy, après mes propres erreurs, j’ai fait mon possible pour que cet univers prenne réellement vie, devienne cohérent, se développe de manière plus structurée. C’était réellement un jeu à part entière cette fois, où j’ai réussi à prendre une réelle distance avec le personnage d’Elwen. Tout ça était devenu un jeu complexe et exigeant par lequel, je ne le savais pas encore, je préparais les bases d’un univers complet. Je peaufinais l’histoire du premier forum, l’histoire des « Pèlerins », écrivais avec les joueurs de nouvelles histoires, de nouvelles intrigues, le tout en dessinant en parallèle des illustrations de tout ça pour les montrer sur DeviantART ( DA pour les intimes ). Je n’ai pas dû si mal m’y prendre puisque le jeu a duré six ans, qu’on a développé l’histoire sur quatre générations de personnages, que ma galerie DA est devenue assez populaire et que Kae, ma coautrice sur les futurs romans, était l’une des joueuses de ce forum !
Il n’y a eu qu’une seule réelle ombre au tableau. C’est que ça m’a éloignée de R et que j’ai fini par couper les ponts avec le joueur de Jöllwin. Je vois encore R de temps à autre, mais J a disparu de ma vie et j’ai beau faire, parfois, son souvenir me hante alors que je ne l’ai jamais rencontré IRL. Ironique, hein ?
Bon, certes, la galerie DA plaisait, le forum se portait plutôt bien, je commençais à vaincre ma dépression et je dessinais en temps complet. Mais je ne gagnais rien avec tout ça. J’y consacrais presque toutes mes journées, surtout depuis que mes enfants allaient à l’école, et pourtant, je n’en vivais absolument pas. Alors comment proposer Arcea à un éditeur ? J’ai eu beau retourner ça dans ma tête durant plusieurs mois, je ne voyais pas comment concilier mon inexpérience pro, des éditeurs qui ne verraient en moi qu’une dessinatrice, mes enfants, un projet qui ne pourrait jamais être exploité entièrement en bd et une santé de plus en plus capricieuse, pour ne pas dire handicapante. J’ai bossé sur d’autres projets, dont des illustrations commandées pour un livre de jeux de rôle – seul point positif de mon expérience Cafésalé – , histoire de me confronter aux réalités du métier. Mais la solution s’est vraiment présentée en 2010 quand un photographe avec qui travaillait mon mari a sorti son livre de photos en autoédition. Un pavé de plus de 300 pages de photos noir et blanc en format à l’italienne. Un de ces livres qu’on pense pouvoir sortir uniquement grâce au financement d’un éditeur spécialisé… et ce mec un peu trop « rock’n roll » à mon goût, l’avait imprimé avec ses propres deniers et le vendait lui-même. Une discussion avec lui et je savais que j’avais déjà pris ma décision : je voulais faire pareil ! Dans les faits, j’ai calculé tout ça durant un été complet… mais c’était jouable !! Mon mari qui, vous l’avez compris, m’a toujours soutenue dans ma voie artistique, m’a encouragée encore une fois et m’a aidée. En décembre 2010, je faisais mon premier salon depuis ma période fanzinat, soit plus de sept ans plus tard, sur un bout de stand proposé par des copines rencontrées grâce à DeviantART. Au salon suivant, j’avais compilé des croquis préparatoires de la bd sous la forme de sketchbooks, j’avais des tirages couleurs des images que j’avais réalisées pour DA et j’ai commencé à mettre de côté l’argent récolté pour financer l’imprimeur… Et évidemment, j’ai commencé à dessiner sérieusement mes planches et à les mettre en couleur moi-même ( j’ai fait des progrès énormes question couleur rien que pour y parvenir ).
Une période euphorique. Artistiquement parlant, en tout cas. J’étais ravie de voir mon projet prendre forme et voir que ça plaisait, que de plus en plus de monde s’y intéressait, que je ne faisais plus ça pour compenser un rêve brisé mais pour en faire mon métier ! Pour devenir en plus mon propre patron, prendre enfin ma vie en main. C’est ça qui m’a décidée à faire aussi quelque chose de plus concret et radical pour ma santé. J’ai sorti mon premier tome de BD et alors que je travaillais sur le deuxième, en parallèle, je multipliais les rendez-vous médicaux. Parce que si je n’avais rien fait, en 2012, on m’a annoncé que je n’avais que dix ou peut-être quinze ans à vivre, avec un corps qui allait m’abandonner peu à peu… J’ai sorti le tome 2 juste avant de subir ma première opération chirurgicale et je peux le dire maintenant, il s’en est fallu de peu pour qu’il n’y ait jamais de tome 3. J’ai failli rester sur la table d’opération… Ma rémission a été longue. Plus que je ne veux bien l’admettre, parce que si j’ai voulu me remettre très vite au travail, je sais aujourd’hui que je reste fragile, facilement fatiguée, suivie médicalement à vie. Mais avec une espérance de vie normale !
Ajoutez à ça que j’ai divorcé dans la foulée, ç’a fait quand même beaucoup à encaisser et la réalisation du tome 3 a été assez longue. ( Pour le divorce, rassurez-vous, c’était d’un commun accord et ça s’est très bien passé, je suis même restée en très bons termes avec mon ex-mari ). Mais vu le succès de la campagne Ulule de l’été dernier, j’ai pu constater que vous étiez au rendez-vous et vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point ça m’a soulagée/fait plaisir/encouragée. Le tome 4 n’est pas encore bien avancé, mais j’ai bon espoir de m’y mettre plus efficacement maintenant que le site internet est quasi fini.
Bref, les BD sont sur les rails et on a peut-être déjà écrit quelques chapitres du premier livre, alors que la publication des romans ne pourra pourtant pas commencer avant la sortie du dernier album de BD… Sauf qu’on n’a pas pu résister, on a commencé…
Voilà, vous avez les grandes lignes. Vous vous doutez bien qu’en plus de 15 ans, l’histoire est en réalité bien plus complexe et encore plus personnelle que je ne l’ai développé ici. Je pense que ce résumé est quand même suffisant pour que vous compreniez mieux qu’Arcea, c’est plus qu’une simple BD à mes yeux. C’est un pan complet de ma vie.
Et promis, je ne ferai pas des articles aussi longs à chaque fois, même si j’espère que la lecture a été instructive et que vous en êtes venus à bout. Alors ? Du coup, des questions sur tout ça ?